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Ing Makoutou |
Monsieur
MAKOUTOU Albert est Consultant de la Fondation Georgeslemaraicher en charge du développement
agricole. Aujourd’hui, il se confie à la Cellule de Communication de notre organisation pour exposer
son ambitieux programme de promotion des cultures hydroponiques au Cameroun. Il
a avoue que cette option est une alternative économique et écologique de
réduction de la pauvreté.
Monsieur, présentez – vous ?
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Ing Makoutou et ses stagiaires |
Je suis Monsieur
MAKOUTOU Albert, de nationalité Congolaise, (Congo Brazzaville), né il y’a
soixante ans. J’habite Brazzaville et je suis Ingénieur Agronome. J’ai pris ma
retraite depuis le 1/01/2011, après 39 ans de loyaux services dans la Fonction
publique Congolaise.
Durant ma carrière
professionnelle, j’ai été nommé :
- Chef de secteur agricole et d’élevage de
plusieurs sous préfectures. Mon travail consistait avec mes collaborateurs à
l’encadrement des agriculteurs (café, manioc, maraichage, maîs etc…) des
éleveurs (bovins, petits ruminants, pisciculteurs…) ; création et
animateur des coopératives agricoles.
- Directeur du Centre de Formation Agricole,
(Formation des jeunes paysans en vue de la création des coopératives des jeunes
producteurs).
- Professeur dans un collège agricole
- Chef de service provincial des institutions
coopératives (Animation et formation des coopératives agricoles.)
- Chef de service provincial de l’élevage
(Encadrements des différents éleveurs, bovins, aviculture, petits ruminants…)
- Chef de la ceinture Maraichère rive droite du
Djoué à Brazzaville pendant 20 ans, création de la ceinture avec l’appui
financier de l’Union Européenne soit 2,6 Milliards de Frs CFA.
- J’ai travaillé pendant 6 ans au Programme
Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) volet cultures hydroponiques.
- Actuellement je suis consultant dans plusieurs
Organisation Non Gouvernementale (ONG)
Voilà en résumé, ce que j’ai
pu faire durant ma carrière professionnelle.
Présentez –nous le
concept des cultures hydroponiques ?
(Genèse et contexte
actuel)
On parle de cultures hydroponiques, ou cultures hors –sols
ou Micro jardin, cela veut dire la même chose. Cette technique existe depuis la
nuit des temps, un des exemples parmi les plus illustrés et les plus anciens
sont les jardins suspendus de Babylone. Mais il existait aussi des peuples qui
vivaient au bord des lacs de hautes montagnes du Pérou, comme le TITICACA ou
ils cultivaient leurs potagers à la surface de l’eau.
Les Chinois emploient encore des techniques
millénaires de culture sur gravier.
La culture hors – sol
que l’on connait de nos jours est née au XIXe Siècle en Allemagne. Ce n’est
qu’en 1930, que Géricke produisit le 1e système hydroponique
commercial aux USA. Mais les légumes coûtaient assez cher et ce système fût
abandonné. Pendant la seconde guerre mondiale, les Américains avaient stationné
leurs troupes dans les îles du Pacifique et de l’Océan Indien pour contrer
l’avancée des troupes Japonaises. Faire venir des légumes de la métropole coutait assez cher
et comportait beaucoup de risques. Alors, ils (Américains) se sont souvenus
des cultures hors – sols et ils se sont mis à cultiver des différents légumes
pour nourrir leur différentes troupes stationnées dans les divers lieux.
Quand revient la paix, dans les grands
villes Européennes et des États -Unis, on offrait de légumes hors saison (tomate,
laitue…) mais ces légumes n’étaient pas à la partie du large public.
En
1970 , les cultures hydroponiques font leur apparition en Amérique latine,
mais et s’adressent toujours aux riches, car produit des grands complexes de
serre.
C’est dans les années 1980, qu’on parle
cultures hors sols en Amérique Latine (Version pour les pauvres), plus précisément en 1993 que Monsieur César MARULANDA, Ingénieur agronome Colombien
invente le système adapté aux paysans, donc à partir de cette date, il y’a une
floraison de micro jardin dans les différents pays (Nicaragua, Vénézuela,
Cuba…). La culture hydroponique, version pour les pauvres, c’est une technique
simple, des récipients installés dans les cours des maisons, et on y voit
pousser des beaux légumes. On y exploite le soleil au maximum, dans les récipients on y met un substrat inerte et des fertilisants.
De l’Amérique latine, les micro jardins gagnent
l’Afrique, plus précisément le Sénégal. En 2003, les cultures hydroponiques
arrivent au Congo Brazzaville à travers le programme spécial pour la sécurité
alimentaire. On y trouve aussi en Asie, bref maintenant partout dans le monde.
Quels sont les avantages et les inconvénients de cette technique ?
Les micro jardins se font dans les bacs ou récipients de récupération ( bidons
,pneu,bambou ..) avec un substrat inerte (eau , gravier ,sable, coques arachides
…) avec les fertilisants.
Les avantages sont nombreux :
- Possibilité d’utilisation des matériaux de récupération,
- Réduction de la pénibilité du travail maraicher,
- Absence totale des pesticides chimiques, car
nous utilisons des pesticides d’origine végétale (piment, basilic…)
- Possibilité de produire des légumes chez soi toute l’année (4 à 5 bacs soit 5 m2
peuvent vous donner jusqu’à 200 à 300 Kg de légumes.
- Raccourcissement du cycle végétatif exemple la
laitue 38 jours.
Le simple inconvénient, c’est se former, donc
subir une petite formation et la fourniture en fertilisants (engrais
chimiques).
Quel impact aurait la diffusion de cette
technique en milieu familial et scolaire ?
Pour les élèves tout d’abord, c’est leur montrer qu’on peut produire les légumes
autrement, c’est aussi initier les élèves au jardinage. La production
maraîchère peut être livrée à la cantine scolaire, donc on améliore les rations
alimentaires.
Quant aux femmes, vous savez
que la terre se raréfie (devient rare) dans les villes et donc on peut produire
des légumes autrement. Installer chez soi, 4 à 10 bacs donc dans la cour
familiale et voir pousser des légumes chez soi (laitue, chou, tomate,
aubergine, concombre …). La maman pourra consommer sa production et vendre excédent pour se faire de l’argent.
En Amérique Latine et à Dakar, on les appelle
le jardin des pauvres, ces femmes « seule » arrivent pourvoir à leurs
besoins (Santé, droits scolaire des enfants…).
Cette innovation serait elle à la portée
des paysans ?
Au risque de me répéter, c’est une technique simple adaptée aux paysans. La
version de César Marulanda est adaptée aux paysans. Il suffit d’une petite
formation. A Dakar ,3000 (Trois mille) femmes pratiquent l’hydroponie j’en ai visité
quelques unes quand j’y séjournais. Elles font partie d’un grand projet
d’agriculture urbaine que la F.A.O en à patronner.
Quelle est la cible privilégiée du projet
et quels sont les résultats escomptés ?
C’est
au départ, on part avec les femmes aux
foyers et les élèves. Au fait, il n’a pas cible privilégiée, toute personne qui intéresse à l’hydroponie peut le faire. On peut par exemple intéresser les
prisonniés.
Donc installer les bacs de culture, afin qu’ils
produisent les légumes. Cela évitera l’oisiveté de ces derniers et à la fois de
leur incarcération, ils pourront le faire chez soi, d’où une belle insertion
sociale.
Les résultats attendus, c’est la production
légumière qui est là et cela toute l’année. Pour le projet les 316 bacs peuvent
nous donner par ans 12 Tonnes de laitue sur une petite superficie de 285m2.
Merci Monsieur MAKOUTOU Albert d'avoir répondu à nos questions.
Interview réalisée au Congo