FondationGeorgeslemaraicher

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Monday, September 03, 2012

Promouvoir les cultures hydroponiques



Ing Makoutou
Monsieur MAKOUTOU Albert est Consultant de la Fondation Georgeslemaraicher en charge du développement agricole. Aujourd’hui, il se confie à la Cellule de Communication de notre organisation pour exposer son ambitieux programme de promotion des cultures hydroponiques au Cameroun. Il a avoue que cette option est une alternative économique et écologique de réduction de la pauvreté.
 Monsieur, présentez – vous ?

Ing Makoutou et ses stagiaires
Je suis Monsieur MAKOUTOU Albert, de nationalité Congolaise, (Congo Brazzaville), né il y’a soixante ans. J’habite Brazzaville et je suis Ingénieur Agronome. J’ai pris ma retraite depuis le 1/01/2011, après 39 ans de loyaux services dans la Fonction publique Congolaise.
Durant ma carrière professionnelle, j’ai été nommé :
  • Chef de secteur agricole et d’élevage de plusieurs sous préfectures. Mon travail consistait avec mes collaborateurs à l’encadrement des agriculteurs (café, manioc, maraichage, maîs etc…) des éleveurs (bovins, petits ruminants, pisciculteurs…) ; création et animateur des coopératives agricoles.
  • Directeur du Centre de Formation Agricole, (Formation des jeunes paysans en vue de la création des coopératives des jeunes producteurs).
  • Professeur dans un collège agricole
  • Chef de service provincial des institutions coopératives (Animation et formation des coopératives agricoles.)
  • Chef de service provincial de l’élevage (Encadrements des différents éleveurs, bovins, aviculture, petits ruminants…)
  • Chef de la ceinture Maraichère rive droite du Djoué à Brazzaville pendant 20 ans, création de la ceinture avec l’appui financier de l’Union Européenne soit 2,6 Milliards de Frs CFA.
  • J’ai travaillé pendant 6 ans au Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) volet cultures hydroponiques.
  • Actuellement je suis consultant dans plusieurs Organisation Non Gouvernementale (ONG)
   Voilà en résumé, ce que j’ai pu faire durant ma carrière professionnelle.

     Présentez –nous le concept des cultures hydroponiques ?
(Genèse et contexte actuel)

On parle de cultures hydroponiques, ou cultures hors –sols ou Micro jardin, cela veut dire la même chose. Cette technique existe depuis la nuit des temps, un des exemples parmi les plus illustrés et les plus anciens sont les jardins suspendus de Babylone. Mais il existait aussi des peuples qui vivaient au bord des lacs de hautes montagnes du Pérou, comme le TITICACA ou ils cultivaient leurs potagers à la surface de l’eau.
Les Chinois emploient encore des techniques millénaires de culture sur gravier.
La culture hors – sol que l’on connait de nos jours est née au XIXe Siècle en Allemagne. Ce n’est qu’en 1930, que Géricke produisit le 1e système hydroponique commercial aux USA. Mais les légumes coûtaient assez cher et ce système fût abandonné. Pendant la seconde guerre mondiale, les Américains avaient stationné leurs troupes dans les îles du Pacifique et de l’Océan Indien  pour  contrer l’avancée des troupes Japonaises. Faire venir  des légumes de la métropole coutait assez cher et comportait beaucoup de risques. Alors, ils (Américains) se sont souvenus des cultures hors – sols et ils se sont mis à cultiver des différents légumes pour nourrir leur différentes troupes stationnées  dans les divers lieux.
Quand revient la paix, dans les grands villes Européennes et des États -Unis, on offrait de légumes hors saison (tomate, laitue…) mais ces légumes n’étaient pas à la partie du large public.
En 1970 , les cultures hydroponiques font leur apparition en Amérique latine, mais et s’adressent toujours aux riches, car produit des grands complexes de serre.
C’est dans les années 1980, qu’on parle cultures hors sols en Amérique Latine (Version pour les pauvres), plus précisément en 1993 que Monsieur César MARULANDA, Ingénieur agronome Colombien invente le système adapté aux paysans, donc à partir de cette date, il y’a une floraison de micro jardin dans les différents pays (Nicaragua, Vénézuela, Cuba…). La culture hydroponique, version pour les pauvres, c’est une technique simple, des récipients installés dans les cours des maisons, et on y voit pousser des beaux légumes. On y exploite le soleil au maximum, dans les récipients on y met un substrat inerte et des fertilisants.
De l’Amérique latine, les micro jardins gagnent l’Afrique, plus précisément le Sénégal. En 2003, les cultures hydroponiques arrivent au Congo Brazzaville à travers le programme spécial pour la sécurité alimentaire. On y trouve aussi en Asie, bref maintenant partout dans le monde.

   Quels sont les avantages et les inconvénients de cette technique ?

Les micro jardins se font dans les bacs ou récipients de récupération ( bidons ,pneu,bambou ..) avec un  substrat  inerte (eau , gravier ,sable, coques arachides …)  avec les  fertilisants.
Les avantages sont nombreux :
  • Possibilité d’utilisation des matériaux de récupération,
  • Réduction de la pénibilité du travail maraicher,
  • Absence totale des pesticides chimiques, car nous utilisons des pesticides d’origine végétale (piment, basilic…)
  • Possibilité de produire des légumes  chez soi toute l’année (4 à 5 bacs soit 5 m2 peuvent vous donner jusqu’à 200 à 300 Kg de légumes.
  • Raccourcissement du cycle végétatif exemple la laitue 38 jours.
Le simple inconvénient, c’est se former, donc subir une petite formation et la fourniture en fertilisants (engrais chimiques).

   Quel impact aurait la diffusion de cette technique en milieu familial et scolaire ?

Pour les élèves tout d’abord, c’est leur montrer qu’on peut produire les légumes autrement, c’est aussi initier les élèves au jardinage. La production maraîchère peut être livrée à la cantine scolaire, donc on améliore les rations alimentaires.
Quant aux femmes, vous savez que la terre se raréfie (devient rare) dans les villes et donc on peut produire des légumes autrement. Installer chez soi, 4 à 10 bacs donc dans la cour familiale et voir pousser des légumes chez soi (laitue, chou, tomate, aubergine, concombre …). La maman pourra consommer sa production et vendre excédent pour se faire de l’argent.
 En Amérique Latine et à Dakar, on les appelle le jardin des pauvres, ces femmes « seule » arrivent pourvoir à leurs besoins (Santé, droits scolaire des enfants…).
 
    Cette innovation serait elle à la portée des paysans ?

Au risque de me répéter, c’est une technique simple adaptée aux paysans. La version de César Marulanda est adaptée aux paysans. Il suffit d’une petite formation. A Dakar ,3000 (Trois mille) femmes pratiquent l’hydroponie j’en ai visité quelques unes quand j’y séjournais. Elles font partie d’un grand projet d’agriculture urbaine que la F.A.O en à patronner.

    Quelle est la cible privilégiée du projet et quels sont les résultats escomptés ?

C’est  au départ, on part avec les femmes aux foyers et les élèves. Au fait, il n’a pas cible privilégiée, toute personne qui intéresse à l’hydroponie peut le faire. On peut par exemple intéresser les prisonniés.
Donc installer les bacs de culture, afin qu’ils produisent les légumes. Cela évitera l’oisiveté de ces derniers et à la fois de leur incarcération, ils pourront le faire chez soi, d’où une belle insertion sociale.
Les résultats attendus, c’est la production légumière qui est là et cela toute l’année. Pour le projet les 316 bacs peuvent nous donner par ans 12 Tonnes de laitue sur une petite superficie de 285m2.

Merci Monsieur MAKOUTOU Albert d'avoir répondu à nos questions.
Interview réalisée au Congo